Auteur américain né en 1928, Philip K. Dick a écrit et publié une cinquantaine de romans et plus d’une centaine de nouvelles. Dans Les Androïdes… (1967, 1976 en France chez Chute Libre, sous le titre original), rebaptisé Blade Runner après la sortie du film, on retrouve les obsessions qui sillonnent toute l’œuvre de K. Dick : qu’est-ce que la réalité, qu’est-ce que l’être humain, quel est ce monde dans lequel les certitudes s’effondrent ? Un univers dont l’un des personnages dit : “Devenir fou est parfois une réponse appropriée à la réalité.” Les films Minority Report et Total Recall ont également été adaptés de romans de Philip K. Dick, et des dizaines d’autres se sont, plus ou moins directement, inspirés de son œuvre monumentale.

Si le film Blade Runner est inspiré du roman de Philip K. Dick, Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, le titre du film est tiré d’un court scénario de William Burroughs, écrit en 1974, The Blade Runner, Le Porte-lame, en français. Nous sommes en 2014 et « Dans le monde de la médecine illégale, le porte-lame est ce desperado adolescent qui fourgue aux toubibs matériel et médicaments de contrebande. » Pour réparer des réplicants ?

La revue Métal Hurlant a été créée en 1975 par Les Humanoïdes Associés, un collectif initié par les dessinateurs Mœbius et Philippe Druillet, le scénariste Jean-Pierre Dionnet et l’homme d’affaire Bernard Farkas. Créateur de Blueberry (sous le nom de Jean Giraud), et de L’Incal, Mœbius, est contacté par Alejandro Jodorowsky qui travaille alors sur la préparation d’un film tiré du roman Dune, de Frank Herbert, film mythique bien qu’il n’ait jamais été tourné, et pour lequel Moebius a dessiné les quelques trois mille cases du story-board. Moebius travaillera par la suite avec Ridley Scott sur Alien, et Luc Besson sur Le Cinquième Élément, dont une des sources d’inspiration est… Blade Runner. Comme on se retrouve !

Un blade runner est une sorte de chasseur de primes chargé de retrouver - et liquider - les réplicants, ces clones d’humains à la durée de vie normalement limitée dans le temps, mais qui, devenus intelligents, cherchent à s’émanciper de la tutelle de leurs créateurs. C’est Harrison Ford qui endosse le rôle du chasseur solitaire, fatigué, désenchanté, et qui, comme dans tout bon film noir, va tomber amoureux d’une personne du camp ennemi. Si le succès, à sa sortie en salle, a été plutôt timide aux États-Unis, le film est devenu assez rapidement l’objet d’un culte entretenu par les amateurs de Science-Fiction. Esthétiquement, c’est le film qui va marquer les débuts du cyberpunk, sorte de futur déglingué, sombre, éclairé au néon, où il pleut beaucoup, un univers surpeuplé dans lequel les voitures décollent à la verticale. Bienvenus en 2019.

Déjà réalisateur de Sicario (2015), Denis Villeneuve a marqué les esprits des cinéphiles avec ce film de Science-Fiction qui joue avec le temps plus qu’avec des vaisseaux spatiaux et des lasers. Autre rupture, c’est une femme, linguiste, à qui échoit la responsabilité de sauver le monde. Sur la lancée ce cette réussite, Denis Villeneuve réalisera prochainement un autre film de Science-Fiction, tiré du roman culte de Frank Herbert Dune, sur lequel Alejandro Jodorowsky s’était cassé les dents, et dont David Lynch avait tiré un film (avec Sting) que lui-même préfère oublier.

L’univers de Philip K. Dick n’est comparable à aucun autre, principalement parce que K. Dick effaçait la frontière qui sépare le réel de l’imaginaire. Les années passant, il disait que la réalité qu’il décrivait dans ses romans, et à laquelle il essayait de sensibiliser ses lecteurs, était celle qu’il vivait... Pour s’en approcher, Californium propose une immersion dans un jeu vidéo à la première personne. On vous aura prévenu.

« Nos machines vont-elles devenir plus intelligentes et plus puissantes que nous ? Notre avenir est-il celui d’une cybersociété où l’humanité serait marginalisée ? Ou accéderons-nous à une forme d’immortalité en téléchargeant nos esprits sur les ordinateurs de demain ? » La sortie de Blade Runner 2049 est l’occasion de se pencher sur les conséquences du développement de l’Intelligence Artificielle dont les développements interrogent et inquiètent. Jean-Gabriel Ganascia est le président du comité national d’éthique du CNRS et l’auteur de L’Âme machine (1990).

La musique de Blade Runner 2049, n’est pas signée par Vangelis, comme dans le film de Ridley Scott. Dans un premier temps, c'est le compositeur fétiche de Denis Villeneuve : Jóhann Jóhannsson, qui s'est attelé à l'affaire... avant de jeter l'éponge pour des raisons inconnues. Björk, islandaise comme Jóhann Jóhannsson, et en attendant de revenir à la musique, expose ses projets de Réalité-Virtuelle dans une expo itinérante. Alors, Björk, réplicant ou être humain ?

Une créature étrangère, un alien en anglais, s’est introduite dans un vaisseau spatial et procède à l’élimination systématique de la dizaine de passagers qui y travaille... Alien fait partie de ces films qui marquent un avant et un après. Un film que l’on peut ranger aux côtés de 2001 l’Odyssée de l’espace, Star Wars, ou Blade Runner. C’est le deuxième film réalisé par Ridley Scott, deux ans après Les Duellistes (1977), et, si le succès doit, en partie, à son talent de metteur en scène, il doit aussi beaucoup à la créature terrifiante imaginée par Hans Ruedi Giger. Alfred Hitchcock disait : « Plus réussi sera le méchant, plus réussi sera le film ». Bien vu.

Ancien décorateur à la BBC, Ridley Scott a suivi de très près la direction artistique de Blade Runner. En plus des multiples références à l’univers dessiné de Moebius, il déclarait qu’il souhaitait également retrouver l’ambiance de la peinture The Nighthawks d’Edward Hopper. « J'agitais constamment sous le nez de l'équipe de production une reproduction du tableau pour illustrer le look et l'ambiance que je recherchais.» Et pour la pluie ?

L'un des éléments qui va participer à l’accession de Blade Runner au statut de film culte est le clin d’œil adressé aux amateurs de jeux-vidéo par Ridley Scott, avec l’apparition à plusieurs reprises de la marque Atari, société de jeu vidéo légendaire fondée en 1972 par Nolan Bushnell et Ted Dabney, marque fétiche des gamers de l’ère pré-Playstation, autant dire l’âge des cavernes du numérique.