Avec 120 000 œuvres exposées ou en réserve, Beaubourg est la deuxième collection d’art moderne et contemporain au monde, la première en Europe. Constantin Brancusi - et son atelier reconstitué -, Marc Chagall, Robert et Sonia Delaunay, Otto Dix, Jean Dubuffet, Marcel Duchamp, Frida Kahlo, Vassily Kandinsky, Yves Klein, Fernand Léger, Henri Matisse, Annette Messager, Joan Miró, Piet Mondrian, Jean Prouvé, Niki de Saint Phalle… tous les grands noms de l’art moderne sont présents sur les 20 000m2 d’exposition de Beaubourg, au 4e et 5e étage dans la collection permanente, et au-dessus dans le cadre d’expositions thématiques. Une histoire du XXe siècle.

Pour fermer ses portes en fanfare, se tiendront deux jours et deux nuits de showcases exclusifs, d’expériences immersives, de créations artistiques inédites et de rencontres sur les huit niveaux du Centre Pompidou. Un grand événement organisé avec le label indépendant Because Music qui célèbrera, lui, ses 20 ans.

Pontus Hultén fût le premier directeur du Centre Pompidou, de son ouverture à 1981. Avant ça il fût un commissaire d'art contemporain, un philosophe, et aussi un proche compagnon de route de Niki de Saint Phalle et Jean Tinguely connus, lui pour ses machines folles, elle pour ses nanas et son Jardin des Tarots, les deux pour la fontaine Stravinsky située au pied de Beaubourg et sur la salle de l’IRCAM. Quoi de plus évident donc, de réunir les trois pour une exposition signée Beaubourg mais abritée dans les murs du Grand Palais jusqu’au 4 janvier 2026.

Bâtiment encensé pour sa modernité ou décrié pour les mêmes raisons, le bâtiment conçu par Renzo Piano et Richard Rogers a été sélectionné parmi les 683 propositions envoyées pour répondre à l’appel d’offres international lancé en 1970. Si Beaubourg est devenu un des monuments les plus visités de la capitale, il le doit à ses collections, ses expositions, sa bibliothèque, mais aussi à son parvis qui, comme le dit Renzo Piano “c’est grâce à sa place que le Centre appartient à la ville”. 

L'atelier d'André Breton était le mur de son bureau du 42 rue Fontaine, mur recouvert de près de 250 objets de toutes provenances - Océanie, Afrique… - qui composent à la fois une histoire géographique du surréalisme, aussi une illustration de la définition de la beauté de Lautréamont : “Beau comme la rencontre fortuite d’une machine à coudre et d’un parapluie sur une table de dissection”, cette logique arbitraire de l’étincelle qui fait naître du sens, une lueur poétique entre des objets qui n’ont rien à voir les uns avec les autres. Pendant les travaux, la visite continue au Centre Pompidou-Metz.

La bibliothèque publique d’information - BPI - et l’esplanade devant le bâtiment, sont les deux pôles d'attraction qui ont fait que des millions de personnes se sont sentis invités à s’emparer du Centre Pompidou. Le temps des travaux la BPI est transférée au 40 Av. des Terroirs de France, 75012 Paris. On pourra y trouver 1 500 places assises sur plus de 8 000 m^2, 327 000 livres, 1 450 titres de revues, journaux et magazines dont 210 quotidiens et magazines imprimés, un réseau wifi libre et gratuit, 220 postes informatiques pour accéder à internet, un service de photocopies, 3 000 films, dont 2 781 documentaires et 199 films d’animation… De quoi passer quelques heures au chaud.

« Qu'avaient vu, jusqu'en 1900, ceux dont les réflexions sur l'art demeurent pour nous révélatrices ou significatives, et dont nous supposons qu'ils parlent des mêmes œuvres que nous [...] ? Deux ou trois grands musées, et les photos, gravures ou copies d'une faible partie des chefs-d'œuvre de l'Europe. [...] Aujourd'hui, un étudiant dispose de la reproduction en couleurs de la plupart des œuvres magistrales, découvre nombre de peintures secondaires, les arts archaïques, les sculptures indienne, chinoise, japonaise et précolombienne des hautes époques, une partie de l'art byzantin, les fresques romanes, les arts sauvages et populaires. [...] nous disposons de plus d'œuvres significatives, pour suppléer aux défaillances de notre mémoire, que n'en pourrait contenir le plus grand musée. Car un Musée Imaginaire s'est ouvert, qui va pousser à l'extrême l'incomplète confrontation imposée par les vrais musées : répondant à l'appel de ceux-ci, les arts plastiques ont inventé leur imprimerie. » AM

Et tout ça avant internet...

Anselm Kiefer est l’un des plus grands artistes contemporains. À ce titre, une salle lui est réservée dans la collection permanente du musée dans laquelle on retrouve notamment son installation Für Velimir Chlebnikow: Schicksale der Völker (Pour Velimir Khlebnikov: destins des peuples), une pièce monumentale composée de deux vitrines mettant en scène une bataille navale souterraine fantastique. Wim Wenders lui a consacré un film hommage. 

La collection Ma Nuit Au Musée invite auteurs et autrices à passer une nuit enfermés.es dans un musée de leur choix, puis à livrer leurs impressions. Pour Bleu Bacon, Yannick Haenel s’est confronté toute une nuit à la peinture de Francis Bacon exposée au Musée national d'art moderne lors de l’exposition « Bacon en toutes lettres », Yannick Haenel traverse alors une odyssée mentale qui ne le laissera pas indemne. Rencontre avec un promeneur littéraire que la vie ramène toujours au Centre Pompidou.

“Rawsthorne, Giacometti, Bacon. La destinée d'un trio passionné, d'une extravagance inédite, partageant une révolution esthétique radicale et une complicité bouleversante.

Isabel Rawsthorne est la créatrice d'une œuvre picturale secrète et méconnue (dont une toile fait partie de la collection de Beaubourg). On a surtout retenu d'elle et de sa vie aventureuse qu'elle fut la muse solaire d'Alberto Giacometti. Francis Bacon confia qu'Isabel fut son unique amante. Elle fut encore son amie, son modèle, sa complice jusqu'à la fin. Des années 30 à la fin du siècle, suivez la destinée de ce trio passionné, d'une extravagance inédite, partageant une révolution esthétique radicale et une complicité bouleversante.”

En 1972, il fallait avoir du nez pour ouvrir une galerie rue Beaubourg, soit à quelques mètres du futur Centre Pompidou inauguré cinq ans plus tard. Aujourd’hui domiciliée au 28 rue du Grenier-Saint-Lazare, la galerie Templon a été une des pionnières de l’art contemporain en France. Plus généralement, les galeries sont souvent les premiers lieux où l’on peut voir des artistes en devenir. Daniel Templon s’y est employé depuis ses premières expositions en 1966, lui qui a exposé pour la première fois des artistes comme Gérard Garouste, Chiharu Shiota, Pierre & Gilles, ou Christian Boltanski aujourd’hui exposés dans la collection permanente du musée.

Fondateur, puis directeur de l’IRCAM (Institut de recherche et coordination acoustique/musique situé au pied de Beaubourg, sous la fontaine Stravinsky), et de l'Ensemble intercontemporain, il est également professeur au Collège de France, chaire « Invention, technique et langage en musique », de 1978 à 1995. Au début de sa carrière, Pierre Boulez a joué un rôle important dans le développement de la musique sérielle, de la musique électronique et de la musique aléatoire. Ou quand la modernité rencontre la modernité.