Ombre pour ombre
Annie Le Brun, auteur de remarquables essais sur l’art contemporain et la société moderne, Si Rien avait une forme, ce serait cela (2010), Ce qui n’a pas de Prix (2018), Lâchez tout (1977), est une des rares poétesses — et poètes — de langue française lisible de nos jours. Dans ce recueil, l’ancienne amie d’André Breton avertit tout de suite dans « Premier Cerne » :
“Je ne sais pas où je vais mais je sais ce que je méprise. Ne riez pas, vous n’en savez pas plus.”
Plus loin, une femme indépendante et fière comme il y en a peu :
“La jolie houle des vêtements que la nudité immédiate a déjà engloutis.”
Ou encore :
“Je me suis laissé découper par votre ombre ce dimanche d’hiver où vous avez traversé ma vie.
Les grandes places à la dérive sous la flanelle des doigts.
Enfants du siècle, détournez vos regards.
Ici, j’ai bu l’eau du secret.”
Rien à ajouter.
