Sur France Culture, Emmanuel Laurentin anime tous les jours Le Temps du débat, quarante minutes de discussion sur un sujet d'actualité. Pour éclaircir les grands enjeux des prochaines élections européennes, Emmanuel Laurentin et son équipe ont choisi neuf thèmes liés à neuf pays : République Tchèque, "Visegrád", Chypre, “Humanitaire”, Belgique, “Compromis”, Finlande, “Frontière”, Pologne, “Immigration”, Irlande, “Réunification”, Hongrie, “Illibéralisme”, Portugal, “Émigration”. Utile avant d’aller glisser un bulletin dans l’urne.

“Un tel manifeste en faveur de l'abstention serait aujourd'hui impensable. Pour autant, il ne cherche point à favoriser le désengagement mais à dénoncer la mystification du système électoral qui habille de la légitimité du vote les extorsions des puissants. Selon Mirbeau, les institutions demandent à l'électeur son aval pour l'abêtir. Or, Mirbeau le prend à partie sur l'absurdité de sa contribution au grotesque spectacle de sa quête aux suffrages. Avec humour et dérision, il attente à la respectabilité des institutions, dénonce « la protection aux grands, l'écrasement aux petits ». Sans visée utopique, cette critique radicale nous lègue les armes capables de nous défaire du conditionnement qui annihile le plus faible ; une vision qui nous dérange encore plus de 120 ans plus tard !” Au-delà de son côté provocateur, ce pamphlet de Mirbeau nous rappelle que la démocratie peut également s’exercer au quotidien, dans notre implication dans les partis, les syndicats ou le monde associatif. 

Haïr l'indifférence, c'est à la fois haïr l'acceptation des choses comme elles vont et détester la confiance faite aux experts, qui n'est autre que la paresse qui contribue au cours des choses. L'indignation ne suffit pas, si elle n'est que simple mouvement du cœur. Elle commande l'analyse. Les axes de réflexion de ce regroupement d’articles écrits principalement entre 1917 et 1918 sont autant de pistes pour aujourd'hui : la politique et les politiques ; l'éducation des peuples ; la liberté et la loi ; contre la guerre. C'est à cette époque que Gramsci forge les principaux éléments de sa théorie, quelques années avant l’avènement du fascisme. 

Dans ce petit opuscule, Marcus Tullius Cicéron (106-43 av JC) apporte à son frère (le futur Consul) ses conseils pour conquérir des voix de tout bord : quelles tactiques électorales employer pour s’assurer le soutien des puissants et de la masse populaire, comment flatter sans scrupules, manipuler pour solliciter le dévouement et la reconnaissance des autres… Si le système électoral romain était bien différent du nôtre, chacun pourra reconnaître dans ce texte un brin cynique, les meilleurs et éternels stratagèmes pour gagner une campagne. Et tout ça avant les fake news et autres piratages informatiques. 

De Boss à À la Maison-Blanche, en passant par House of Cards, Baron noir, ou Borgen, la sphère politique inspire scénaristes et show runners de tous les horizons. Souvent ce sont d’anciens membres du sérail qui conseillent les créateurs, voire qui se mettent eux-mêmes aux fourneaux, comme Éric Benzekri (ancien du PS) pour Baron noir. Avec Dans l’ombre, on franchit une marche supplémentaire en associant des hommes politiques en activité aux commandes de la création. En effet, rien moins qu’Édouard Philippe, maire du Havre et patron du parti Horizons, et Gilles Boyer, député européen, au générique, crédités pour l’adaptation et les dialogues de leur roman éponyme publié en 2011. Transposée en 2025, l’intrigue met en scène les relations entre Paul Francoeur (Melvil Poupaud), un leader de droite à la barbe noire zébrée de blanc, candidat à une présidentielle fictive, et son fidèle apparatchik (Swann Arlaud). Confusion des genres, stratégie marketing ?... Présenté cette semaine au Festival Séries Mania et très prochainement sur France 2.

À la veille des élections, le Président américain, qui vise un deuxième mandat, est malmené par une affaire qui choque la morale publique… Décision est alors prise de détourner l’attention du public en confiant à Conrad Brean (Robert De Niro), conseiller-expert en manipulations, le lancement d’une rumeur sur une guerre imaginaire. Pour mettre en scène son idée géniale, Conrad Brean contacte un célèbre producteur hollywoodien (Dustin Hoffman). Tous deux vont alors concocter une histoire spectaculaire qui va détourner la fureur des médias et maintenir toute la population en haleine. Un deep fake à l’échelle mondiale des années avant l’éclosion des fermes à trolls. 

En quatre saisons, la série Borgen aborde les phases essentielles de l’exercice du pouvoir : l’accession, le maintien, la reconquête après la défaite, et le retour aux affaires après une traversée du désert volontaire ou non. Après que, dans la saison trois, Birgitte Nyborg a vu son parti (centriste) basculer franchement à droite de la droite sur les questions de l’immigration, dans la saison quatre, Birgitte maintenant ministre des Affaires étrangères, voit sa carrière compromise lorsqu'un conflit pétrolier au Groenland menace de se transformer en crise internationale. Immigration, rôles des médias en mal d’audiences, choix entre préoccupations écologiques et pratiques des lobby industriels, Borgen nous rappelle étrangement les crises que nous traversons.

On sait que, depuis que les acteurs, les médiocres businessmen, ou les espions de seconde zone parviennent à se hisser aux plus hautes fonctions d’un état en toute légalité, même au pays des Lumières tous les scénarii sont envisageables, même les pires.  Ici François Durpaire et Farid Boudjellal imagine que le 7 mai 2017, Marine Le Pen est élue première Présidente de la République en battant François Hollande de quelques dizaines de milliers de voix. C'est l'effervescence sur les plateaux télé. Éditorialistes, politologues, politiciens se succèdent, incrédules. Tard dans la nuit, des partisans de la nouvelle présidente fêtent la victoire. Des affrontements éclatent sporadiquement. Une plongée dans un futur incertain ?

« Le pouvoir est comme le soleil et la mort, il ne peut se regarder en face. Surtout en Russie » On l'appelait le mage du Kremlin. L'énigmatique Vadim Baranov fut metteur en scène puis producteur d'émissions de télé-réalité avant de devenir l'éminence grise de Poutine. Après sa démission du poste de conseiller politique, les légendes sur son compte se multiplient, sans que nul puisse démêler le faux du vrai. Jusqu'à ce que, une nuit, il confie son histoire au narrateur de ce livre... De la guerre en Tchétchénie à la crise ukrainienne, Le mage du Kremlin dévoile les dessous de l'ère Poutine et s'impose comme le grand roman de la Russie contemporaine. (Grand Prix du Roman de l'Académie française 2022)

Se présenter aux élections présidentielles en jurant de rester le fumier que l’on a toujours été, subir les attaques de la presse lorsque l’on brigue le poste de gouverneur, respecter aveuglément les consignes de son supérieur hiérarchique, tourner et retourner sa veste au gré des changements, défendre obstinément la ligne de son parti au-delà de l’acceptable : c’est en humoriste que Mark Twain (1835-1910) s’empare de la chose politique. Néanmoins, sous la verve de l’amuseur pointe un propos qu’il ne faudrait pas prendre à la légère… Twain est un homme de convictions ; c'est aussi un moraliste et un humoriste, ces deux traits de sa manière d'écrire étant indissociables. Il n'est alors pas étonnant que ce soit en humoriste qu'il s'attache à certains aspects de la chose politique, pas plus qu'il n'est étonnant que sous la verve de l'amuseur pointe et s'impose un propos qu'il ne faudrait peut-être pas prendre à la légère.

Cette nuit, tout peut basculer, le destin de la France comme ceux d'Agnès Dorgelles, d'Antoine Maynard et de Stanko. Demain, Antoine sera peut-être ministre, Stanko, lui, sera mort. Cette nuit, c'est la nuit où se négocie l'entrée au gouvernement du Bloc Patriotique, le parti d'extrême droite dirigé par Agnès. Cette nuit, c'est la nuit qui doit marquer l'aboutissement de vingt-cinq ans d'une histoire obscure, où ont dominé le secret, la violence et la manipulation. « La littérature doit être un lieu de suspension idéologique. Dans les romans, les idées, je les emmerde. » Jérôme Leroy

On dit fréquemment de la politique, tout particulièrement en période électorale, que c’est une guerre de tous les instants, les médias utilisant souvent un vocabulaire militaire lorsqu'ils évoquent telle ou telle “passe d’arme” entre deux adversaires par exemple. Il n’empêche que, sous nos contrées, la politique se pratique encore dans le cadre des lois votées par l’Assemblée Nationale. Ce qui est moins le cas dans la Wo Shing Society, la plus ancienne triade de Hong Kong, lorsqu’il s’agit d’élire leur nouveau président.