Le Voyage au bout de la nuit

Louis-Ferdinand Céline - 1932

Dans ma vie de lecteur et dans l’idée que je me fais de la littérature, il y a un avant et un après Le Voyage. C’est la première fois que j’ai compris ce qu’était un grand style. Chez Céline, à chaque paragraphe, dans chaque phrase, on a le sentiment que deux mots n’avaient jamais été mis côte à côte et que leur voisinage produit des décharges électriques. C’est comme si la langue était riche en puissance, et si on fait les bons branchements, on en prend plein la gueule. Et chez Céline, il y a aussi l’idée de voir le monde pour ce qu’il est. Ce n’est pas une littérature d’évasion, qui célèbre le monde, qui nous réconcilie, c’est une littérature qui regarde le soleil en face. Et c’est ce que j’aime le mieux.