Le Seigneur des porcheries

Tristan Egolf - 1998

Le Seigneur des porcheries est un ovni qui n’a rien à voir avec La Conjuration des imbéciles auquel on l’associe souvent et qui pourtant est bien meilleur. Ici, j’adore à la fois le portrait d’un être complètement marginal dans une ville elle-même improbable, véritable trou du cul du monde de la Bible Belt oubliée de la politique, de la culture, dans laquelle même le personnage principal, John Kaltenbrunner, est un rejeté, un outcast. C’est un roman magnifique sur la grève, la grève des éboueurs qui plus est, un roman sur ceux qui sont considérés comme la lie de la société et qui sont pourtant les seuls à faire les sales boulots dont personne ne veut. Le Seigneur est un livre dont j’adore la langue, il y a quelque chose de complètement fou dans le foisonnement mental, dans la langue de Tristan Egolf. Il y a une sorte de trop-plein, une fièvre, on a parfois l’impression que les phrases ne sont là que pour nous assommer à coups de poêle sur la tête et je ne connais personne d’autre qui écrit comme ça. Son suicide est une véritable tragédie. Grand, grand livre.