Le Goût de la cerise

Abbas Kiarostami - 1997

Tout le cinéma d’Abbas Kiarostami est extraordinaire. Dans Le Goût de la cerise, on retrouve un visage de l’Iran que l’Occident ne peut pas capter parce qu’on est submergé par les images quotidiennes de l’Iran des ayatollahs, du risque nucléaire, l’Iran qui égorge, qui aliène les femmes. C’est pourtant un pays qui a un rapport à la culture absolument prodigieux, où tout le monde connaît des poèmes, et où la parole, la dialectique, sont capitales, comme on le voit très bien dans les films iraniens. Dans Le Goût de la cerise, on suit un homme qui veut mourir sans qu’on ne sache jamais pourquoi, mais qui a besoin de quelqu’un qui versera de la terre sur la tombe qu’il s’est creusée. Il essuie plusieurs refus, jusqu’à ce qu’un vieil ouvrier accepte après lui avoir raconté comment le goût d’une cerise l’a lui-même retenu de se suicider. Le Goût de la cerise et Où est la Maison de mon ami ? sont deux contes philosophiques sur l'inconditionnalité de l’amitié, sa force salvatrice, et aussi sur la nécessité d’être présent, d’être là. A la fin du film, on ne sait pas ce que fera cet homme, mais quelqu’un lui aura donné le goût de la cerise comme un secours possible.