L’amant
C’est un roman que j’ai lu quand j’avais dix-sept ans, et un grand nombre de fois depuis. Au début, je l’ai lu sans tout comprendre, mais je ressentais quelque chose d’un peu hypnotique, envouté par les phrases courtes, hachées, cette façon de maltraiter la grammaire, et puis je me suis laissé emporter. C’est la phrase qui m’a emporté, et les images, parce que je trouve qu’il y a chez Duras une puissance d’évocation formidable. Et puis l’histoire évidemment. Cette histoire de désir, de corps, d’étreintes à l’abri des regards, d’attraction désastreuse, de nécessité, d’urgence, tout ça m’a infiniment plu. Le scandale aussi. L’idée que cette relation entre la jeune fille et l’amant indochinois ne doit pas advenir. C’est un livre dans lequel j’aime tout. Je ne peux pas le dire autrement. La sensualité dénuée de toute honte, la famille totalement détraquée, ce monde qui s’écroule petit à petit, oui, tout me plait. Et puis les dernières lignes du livre qui sont un crève-cœur absolu, l’acmé du regret, la vie à côté de laquelle on est passé, thématiques auxquelles je suis très attaché.
