Juste la fin du monde

Xavier Dolan - 2018

Je connaissais la pièce de Jean-Luc Lagarce mais je m’en souvenais mal, je me rappelais seulement de l’histoire de cet écrivain revenant dans sa famille pour annoncer qu’il va mourir. Ce retour provoque de vives tensions et fait remonter des souvenirs douloureux. C’est un film sur les névroses familiales, sur les blessures qui n’ont jamais été refermées. C’est aussi un regard sur celui qui est parti, qui s’est affranchi de sa famille et que la famille cherche à récupérer : toutes ces choses me parlent beaucoup et font écho à ma propre intimité. C’est aussi un film sur l’impossibilité de nommer la mort puisque le personnage de l’écrivain (Gaspard Ulliel) n’arrivera jamais à dire qu’il va mourir. Tout passe par des silences, des pas de côté, des regards, des disputes. Le film est aussi servi par une myriade de stars qui nous font oublier qui elles sont pour incarner au plus juste leur personnage, et notamment Marion Cotillard, la maladroite qui comprend avant les autres ce qui se passe. Et Gaspard Ulliel est bouleversant dans son élan inabouti. Je considère que Xavier Dolan est le cinéaste le plus doué de sa génération et de très très loin. On est face à un virtuose, pour ne pas dire un prodige.