J.S. Bach Sacred Cantatas
Nikolaus Harnoncourt a eu une grande importance dans ma vie. A la fin des années soixante on a découvert Harnoncourt et ses interprétations de la musique baroque sur instruments anciens. Ça été une révolution. On n'imagine pas l'émotion. On sortait le vinyle tout neuf qu’on venait d’acheter, on le posait sur la platine et on découvrait ça. C’était comme un monde enfoui pendant deux siècles sous la surface des eaux et qui remonterait. Les rythmes, les couleurs, les lignes musicales, les timbres des instruments, on avait l’impression que tout ça nous était rendu après deux siècles d’attente. Du jamais entendu. Les cantates, qui sont peut-être ce que je préfère chez Bach, interprétées par le Concentus Musicus de Vienne, devenaient des petites pièces de théâtre, des mystères sacrés. Les chœurs étaient des combats haletants de l'âme avec les forces du Mal. Je ne sais pas si c’est parce qu’Harnoncourt recréait les conditions de l’interprétation telles qu’on pouvait l'imaginer deux siècles plus tôt, mais on avait l’impression que la musique s'inventait en direct. Les instruments semblaient presque hésitants, on sentait que tout cela était transitoire. Tout donnait l’impression que la musique se vivait au présent.
