Fil conducteur du film de Stanley Kubrick, la 9e symphonie est un miroir du personnage principal d’Alex, utilisée à plusieurs moments, soit dans sa version originale, soit dans sa version retravaillée par la compositrice Wendy Carlos. « Nos compositeurs de musique de film, aussi bons soient-ils, ne sont pas Beethoven, Mozart, ou Brahms » Stanley Kubrick

Chez Gus Van Sant, le personnage d’Alex, l’adolescent qui va se transformer en tueur, trouve refuge dans des compositions calmes (la  « Sonate au Clair de Lune », et la « Lettre à Elise ») mais révélatrices de sa frustration, de sa mélancolie, du non-dit dans lequel il vit. Il joue la musique de Beethoven  comme des refrains obsédants. Le calme avant la tempête.

L’œuvre de Beethoven, et plus particulièrement ses sonates, constituent un fil directeur du film des frères Coen. Les réalisateurs utilisent trois sonates («Pathétique», « Sonate au clair de lune», «Appassionata»), ainsi que le trio avec piano n°7 opus 97. Comme dans Elephant de Gus Van Sant, c’est bien la mélancolie des sonates de Beethoven que privilégient les frères Coen dans The Barber, seul univers sonore du personnage principal, Ed Crane, coiffeur rongé par la mélancolie. Prix de la mise en scène Cannes 2001

Beethoven et Jean-Luc Godard, c’est une longue et riche histoire d’amour (Le Petit soldat - 1960, Prénom Carmen - 1983).  Dans Une femme mariée (1964), le réalisateur utilise, dans une scène mythique qui montre des fragments de corps, fait entendre des fragments de dialogues et des fragments… de quatuors de Beethoven. Comme des éléments intrusifs et morcelés qui disparaissent comme ils sont arrivés.

Beethoven est le compositeur que Proust cite le plus dans La Recherche… Proust fera un parallèle entre le musicien sourd qui continue à composer et lui, malade, qui écrit. « Ce qui est cause qu’une œuvre de génie est difficilement admirée tout de suite, c’est que celui qui l’a écrite est extraordinaire, que peu de gens lui ressemblent. C’est son œuvre elle-même qui, en fécondant les rares esprits capables de la comprendre, les fera croître et multiplier. Ce sont les quatuors de Beethoven (les quatuors XII, XIII, XIV et XV) qui ont mis cinquante ans à faire naître, à grossir le public des quatuors de Beethoven, réalisant ainsi comme tous les chefs-d’œuvre un progrès sinon dans la valeur des artistes, du moins dans la société des esprits, largement composée aujourd’hui de ce qui était introuvable quand le chef-d’œuvre parut, c’est-à-dire d’êtres capables de l’aimer. »

Passionné de musique, Romain Rolland écrit cette vie de Beethoven pour la collection Vie des hommes illustres. « En tête de cette légion héroïque, donnons la première place au fort et pur Beethoven. Lui-même souhaitait, au milieu de ses souffrances, que son exemple pût être un soutien pour les autres misérables, « et que le malheureux se consolât en trouvant un malheureux comme lui, qui, malgré tous les obstacles de la nature, avait fait tout ce qui était en son pouvoir, pour devenir un homme digne de ce nom ». R.R. 1903

Pour fêter le 250e anniversaire de la naissance de Beethoven, la Folle Journée de Nantes (créée en 1995, #FJN2020) consacre l’ensemble de sa programmation à Beethoven, et rien qu’à Beethoven.

« Surprenant Lang Lang ! Sa complicité avec un Orchestre de Paris emmené avec vigueur par Christoph Eschenbach donne un Beethoven qui fuse, bondit ; le virtuose se montre ludique, espiègle, et sait s’abandonner au songe et à la confidence dans le I. D’une liberté absolue, le mouvement lent suspend le temps et le III redouble d’entrain et d’énergie. Irrésistible. » France Musique

« Tension, mystère, jubilation, maitrise du discours et des dynamiques : Osmo Vänskä et l’Orchestre du Minnesota livrent un fourmillement de détails au service d’une vision souveraine de l’architecture et du message beethoveniens. L’outsider créé la surprise et l’emporte sur Abbado ! Le public du studio 109 plébiscite lui aussi cette somptueuse Neuvième, peut-être la nouvelle référence de demain. » France Musique

Quand le père du rock n’roll fait référence à Ludwig van Beethoven, celui-ci est censé se retourner dans sa tombe avec l'irruption du rock 'n' roll sur les radios et dans les juke-boxes. Le premier à créer les standards de trois minutes sur lesquels tous les guitaristes se sont tordus les doigts, le second a placé l’art de la symphonie à des hauteurs que peu peuvent atteindre. D'un génie l'autre.

Compositeur de génie, Beethoven était aussi un pianiste d’exception aussi doué dans l’interprétation que dans l’improvisation. Thelonious Monk est, lui aussi un compositeur de génie qui a marqué la musique XXe siècle bien au-delà des frontières du jazz. Atteint, non pas de surdité, mais de troubles psychiques qui vont le contraindre à de longues périodes d’inactivité, Monk va être pris en charge par son amie la baronne Pannonica de Koenigswarter chez qui il vit les six dernières années de sa vie qu’il aura passées sans jouer une note de musique.

Émerveillé par l’ensemble des neuf symphonies de Beethoven, Pierre Henry, pionnier de la musique concrète, compose en 1979 sa « Dixième Symphonie », créée sur scène la même année au Beethovenhalle de Bonn dans une version de près de deux heures. Une décennie plus tard, sur une demande du prestigieux Festival de Montreux, Pierre Henry remanie sa partition en l’enrichissant de rythmes puisés dans son immense bibliothèque. Une Dixième Remix joyeuse, grandiose et délirante, à la hauteur du modèle.

https://www.arte.tv/fr/videos/087078-010-A/la-dixieme-symphonie-hommage-a-beethoven-de-pierre-henry/