Éros et Priape
« Les grands dictateurs ont leurs mille livres d’histoire, leurs mille sommes biographiques, rarement un roman ou à un essai poético-pamphlétaire d’une puissance démente. Hitler et Staline n’ont pas d’Iliade ou d’Odyssée, mais ce gros chauve éructant de Mussolini a eu droit à la plume de Carlo Emilio Gadda (1893-1973), le plus grand écrivain italien du siècle dernier, salué tel par tous et, en premier, par Pasolini. Pamphlet débridé, d’un brio hallucinant, publié en 1967, Éros et Priape est un texte composite, mêlant l’analyse et la rage débordante, l’essai et l’invective. À façon hilarante et savante, Gadda établit une causalité freudo-érotique à la fascination exercée le pouvoir fasciste, en Italie, entre 1922 et 1945. La première partie est centrée sur la figure caricaturale et sexuelle du Duce, sa rhétorique de matamore ; la seconde sur le narcissisme coupable de la société qui favorise l’épanouissement du fascisme, tout spécialement les femmes, précisons-le, si sensibles, selon Gadda, à l’aspect érectile et turgide du dictateur. »