Sublime, forcément sublime Christine V.
L’affaire dite du petit Grégory, ce petit garçon de quatre ans retrouvé mort au bord de la Vologne en 1984, est certainement l’affaire criminelle qui a le plus occupé la une des médias français depuis celle de Brigitte Dewèvre, à Bruay-en-Artois, en 1970. En 1985, Marguerite Duras se rend à Lépanges-sur-Vologne pour le journal Libération à la demande de Serge July, son directeur (qui, en 1970, alors correspondant du journal maoïste La Cause du peuple dans le nord, accusait ouvertement le premier suspect de l’affaire Brigitte Dewèvre, un notaire, en écrivant : « Et maintenant, ils massacrent nos enfants », accompagné du sous-titre, « il n'y a qu'un bourgeois pour avoir fait ça ! »). Alors que Duras demande à rencontrer Christine Villemin, la mère du petit Grégory refuse. Le 17 juillet 1985, le journal publie une tribune signée Duras, qui pose comme une évidence la culpabilité criminelle de Christine Villemin. Le texte met en place une méthode « d'imprégnation du réel ». « Dès que je vois la maison, je crie que le crime a existé. Je le crois. Au-delà de toute raison […]. On l’a tué dans la douceur ou dans un amour devenu fou. »